PARIS (AFP), le 31-03-2005
Le fonctionnement d'une centaine d'établissements a été perturbé jeudi en France par des lycéens qui tentent d'élargir le mouvement engagé il y a plus de deux mois contre la loi Fillon, en contestant désormais l'ensemble de la politique éducative du gouvernement.
Selon les bureaux de l'AFP, une centaine de lycées publics (la France en compte environ 2.600) ont été touchés d'une manière ou d'une autre : soit ils ont été bloqués, soit leurs accès ont été filtrés par des lycéens, soit encore ils ont été carrément fermés à l'initiative des proviseurs par crainte d'incidents.
Ainsi le lycée parisien Turgot a-t-il été fermé après que la proviseure eut été molestée par des élèves, selon le rectorat. Les jours précédents, les forces de l'ordre avaient procédé à des évacuations, qualifiées de "musclées" par des témoins, notamment aux lycées Sophie Germain (IVe arrondissement), fermé jusqu'à lundi, Victor Hugo (IVe) ou Balzac (XVIIe).
Jeudi, de petites manifestations ont rassemblé quelques milliers de personnes, soit nettement moins qu'il y a une semaine (plus de 10.000).
A Paris, le fonctionnement d'une vingtaine de lycées a été perturbé et cinq ont été fermés par leurs proviseurs. Selon le rectorat, "environ 1.500 lycéens sur 72.000 à Paris se sont mobilisés" et deux milliers de lycéens franciliens ont manifesté sans incident majeur de la Place de la République au Panthéon pour protester contre la loi d'orientation sur l'école, à l'appel d'une coordination lycéenne.
Ni la Fidl ni l'UNL n'avaient appelé à cette manifestation, les deux syndicats lycéens privilégiant d'autres formes de mobilisation, comme les blocages ou les filtrages devant les établissements.
Tous les lycées des Hauts-de-Seine ont assuré leurs cours jeudi mais huit établissements ont connu des rassemblements ou des tentatives de blocages dans la matinée, avant le départ des lycéens pour la manifestation parisienne. En Seine-Saint-Denis, trois lycées ont été bloqués ou fermés.
A Lille, le lycée européen Montebello a été occupé et les cours suspendus pour la journée.
En Bretagne, où l'on compte 110 lycées, des élèves ont organisé des "filtrages" dans une dizaine d'établissements à Rennes, Vannes et Brest, selon le rectorat, provoquant un "très fort taux d'absentéisme allant jusqu'à 75 % des élèves dans les établissements concernés".
En Midi-Pyrénées, des lycéens ont mené des actions dans une quinzaine d'établissements de la région où l'on assistait à un retour à la normale à certains endroits et un durcissement dans d'autres. Le rectorat faisait état à la mi-journée de sept occupations nocturnes dans la région, d'une dizaine de lycées bloqués où les cours n'ont pas lieu et de barrages filtrants dans plusieurs établissements.
Mercredi soir, l'annulation pour la deuxième fois consécutive du conseil municipal de Millau en raison du mouvement lycéen a provoqué une bagarre entre majorité UMP et opposition du conseil, a constaté un correspondant de l'AFP.
A Clermont-Ferrand, quelque 200 lycéens ont bloqué jeudi matin, de 07H30 à 9H00, l'entrée du lycée Jeanne-d'Arc, pour empêcher les élèves d'aller en cours. L'accès à l'établissement a été dégagé sans incident par la police, selon une source policière.
Samedi, les enseignants, lycéens et parents d'élèves sont appelés à manifester dans neuf régions contre "la casse du service public d'éducation", à l'appel notamment de la FCPE, de l'Intersyndicale de l'Education (FSU, Sgen-CFDT, Unsa-Education, FAEN, Ferc-CGT), des deux organisations lycéennes UNL et Fidl et de l'UNEF.
LA LUTTE CONTINUE!!!!!!!!!