QUELQUES CHOSES INSOLITES
SUR LA VIE DE ROBERT NESTA MARLEY
SESSION 2
Que sont devenues ses dreadlocks ?
Réponse :
La question peut faire rire et pourtant : alors qu'il était hospitalisé en Allemagne pour une dernière tentative contre le cancer, le chanteur commença à perdre sa légendaire tignasse, à cause de la chimiothérapie et du traitement par rayons au cobalt. Un jour où elles le démangeaient, n'y tenant plus, il se saisit d'une paire de ciseaux et coupa lui-même les longues nattes encore en place. Les dreadlocks furent conservées dans un coffre (!), et furent délicatement replacées sous le bonnet qui ornait sa tête, dans son cercueil. Si c'est pas de l'info, ça !
De quels instruments savait-il jouer ?
On l'a principalement vu avec deux guitares, une Gibson "Les Paul" pour l'électrique, et une Adamas Ovation pour l'acoustique. Cependant, Bob jouait un peu de piano (ce fut même le tout premier instrument qu'il toucha), des percussions et de la flûte. On peut d'ailleurs l'entendre pratiquer cette dernière dans la version de "Bend Down Low" qui se trouve sur "Talkin' Blues", ainsi que dans "Africa Unite".
Bob a-t-il joué avec des musiciens blancs ?
Un seul "bald head" eut l'honneur de jouer avec Bob Marley & The Wailers : il s'agit de Lee Jaffe, harmoniciste, qui participa à l'enregistrement de l'album "Natty Dread" (sur "Rebel Music" et "Talkin' Blues"), et qu'on retrouva sur le titre "Ride Natty Ride" de l'album "Survival". Il participa également à la tournée de promotion de "Natty Dread". Lee Jaffe resta un ami proche de Bob Marley jusqu'à sa mort.
Avait-il un modèle musical ?
A de nombreuses occasions, Bob avoua avoir été très inspiré à ses débuts par le Rythm'n'Blues américain. Par la suite, lorsqu'il fut devenu lui même une star, il cita souvent Stevie Wonder. Les deux hommes se rencontrèrent en Jamaïque lors d'un concert de charité et devinrent très bons amis. A diverses reprises, ils se retrouvèrent sur scène pour des boeufs enflammés. Bob avoua qu'il désirait que ses albums sonnent "aussi Noirs que ceux de Stevie Wonder". Une tournée commune était d'ailleurs en préparation, avant que Bob ne disparaisse. Stevie Wonder rendit hommage à son ami avec le titre "Master Blaster" qui fut un hit mondial.
Bob a-t-il connu son père ?
La légende dit que non (les légendes simplifient toujours) ; en réalité, il croisa son géniteur en de rares occasions, alors qu'il était encore petit. Le capitaine Norval Marley, issu d'une famille de la haute bourgeoisie blanche, n'arrivait pas à assumer sa relation avec Cedella Booker, la maman de Bob, une modeste paysanne noire (cela se passe durant la deuxième guerre mondiale). Une fois Bob venu au monde, ses visites se firent plus rares, jusqu'à ne plus donner de nouvelles.
Croyait-il en l'astrologie ?
Sûrement pas ! L'astrologie est un des plus puissants vecteurs de la science babylonienne, qui fait fi de l'autorité divine. Comme disait Bob, "leurs signes, ce ne sont que des Dieux romains!". Les Rastas se sont attribués d'autres "signes", en provenance directe des douze tribus d'Israël : Gad, Zebulon, Naphtali, Juda etc... Bob était du signe de "Joseph".
Quel fut son premier métier ?
Adolescent à Trenchtown, il entreprit un apprentissage de soudeur. Il côtoyait dans cette école un autre futur grand de la musique jamaïcaine, Desmond Dekker. Mais un jour qu'il récolta un éclat de métal dans l'oeil (ce qui l'obligea à porter des lunettes un certain temps), il décréta que la soudure n'était pas pour lui et il abandonna. Heureusement pour nous !
Bob croyait-il aux fantômes ?
Bob croyait aux "duppies", qui ne sont pas exactement des fantômes tels qu'on se les imagine chez nous. En Jamaïque, où beaucoup de monde en a peur, un duppy est l'esprit d'un mort qui n'a pas trouvé le repos, qui ne se satisfait pas de sa condition de trépassé. Bob fut attaqué par un duppy pendant son adolescence. Il se réveillait en pleine nuit avec la sensation de ne plus pouvoir bouger, prisonnier d'une volonté maléfique. S'en suivaient des crises de vomissement, et un grand malaise général. Pour se débarasser de cet intrus gênant, il faut avoir recours à des rituels anciens et à une volonté de fer. Ayant vaincu le sien, Bob écrira par la suite la chanson "Duppy Conqueror", où il dit "si vous chevauchez les taureaux, moi je suis un dompteur de duppy".
Quelle place avait le football dans sa vie ?
Immense ! Si bien qu'il aurait pu sans hésiter complètement lâcher la musique pour le ballon rond. Un de ses meilleurs amis, Alan Skill Cole, était un grand footballeur qui avait joué en sélection nationale brésilienne. Certains proches affirment que Bob pratiquait couramment de trois à quatre heures de foot par jour ! Avant chaque concert, les Wailers organisaient des matchs amicaux contre les journalistes, les fans, les équipes locales. A Nantes, ils affrontèrent l'équipe Championne de France et se comportèrent plutôt bien. "Le football, c'est la liberté", déclarait-il avant d'éclater de rires. Mais c'est aussi à cause du foot que Bob se blessa au pied, et qu'il devait peu de temps après développer la maladie.
Bob a-t-il été chanté ?
Enormément ! Comme tous les artistes de sa trempe, Bob gagna le respect de beaucoup d'autres chanteurs et musiciens, qui lui rendirent hommage en interprétant certaines de ses chansons. N'oublions pas que Bob doit sa carrière internationale à la reprise que Clapton fit d' "I Shot The Sheriff" : Barbara Streisand ("Stir It Up", "Guava Jelly"), Johnny Nash ("Mellow Mood", "Stir It Up"), Martha Velez ("Get Up, Stand Up"), Miles Davis ("Jamming"), Joan Baez ("No Woman, No Cry"), etc... Evidemment, avec la mode des reprises récentes, les interprétations de Marley se sont multipliées : LL Cool J ("I Shot The Sheriff"), Joe Cocker ("Could You Be Loved?"), les Fugees ("No Woman, No Cry"), etc... Et je ne parle pas de tous les reggaemen pour qui c'est devenu quasi systématique. Notons pour l'anecdote que Joe Dassin nous a gratifié d'une adaptation française de "No Woman, No Cry" ("Si Tu Penses A Moi") !