PARIS (AFP), le 07-04-2005
Le principal composé actif du cannabis pourrait servir à prévenir l'athérosclérose qui obstrue les artères conduisant à l'infarctus et aux attaques cérébrales, selon une étude sur des souris publiée jeudi dans la revue scientifique britannique Nature.
A des doses bien inférieures à celle d'une cigarette contenant cette substance, le principal composé psycho-actif du cannabis, le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC), possède des propriétés anti-inflammatoires qui pourraient jouer un rôle bénéfique dans le traitement de l'athérosclérose, responsable à travers les infarctus et les accidents vasculaires cérébraux de près de 50% des décès dans la population occidentale, selon l'équipe du professeur François Mach (cardiologue, Université de Genève).
L'athérosclérose associe épaississement et perte d'élasticité de la paroi des artères avec formation de dépôts graisseux (plaques d'athérome) où s'agglutinent diverses cellules et du calcium (qui entartre les tuyaux). Ce processus de détérioration est marqué par des réactions d'inflammation dues à l'intervention des cellules du système de défense immunitaire qui viennent tenter de réparer le vaisseau.
Ces dernières années, on s'est aperçu que certains traitements abaissant le cholestérol sanguin avaient des effets anti-inflammatoires qui semblent agir comme des calmants sur les cellules immunitaires venues coloniser trop fortement la paroi lésée.
Le THC a des propriétés anti-inflammatoires en se liant sur un type particulier de récepteurs, les CB2.
Les chercheurs ont d'abord vérifié que les cellules ("macrophages" et "lymphocytes T"), présentes en masse dans ces dépôts, possédaient ces récepteurs à leur surface.
Cette vérification faite, ils ont testé l'effet du THC sur des souris modifiées génétiquement de façon à présenter une progression constante d'athérosclérose. Les rongeurs ont été soumis à un régime hyper gras durant cinq semaines. Puis, en maintenant une alimentation riche en graisses pendant encore six semaines, une moitié du groupe des souris a reçu du THC par voie orale, l'autre moitié poursuivant son régime gras sans aucun traitement. Résultats : le groupe de souris non traitées voit son athérosclérose doubler, alors que chez les souris traitées au THC les lésions n'ont pratiquement pas progressé.
Pour parfaire la démonstration, les chercheurs ont montré que la maladie reprenait son cours après l'administration d'un composé chimique empêchant le THC de se lier au récepteur cellulaire.
Ces résultats suggèrent que le THC ou les dérivés cannabinoïdes agissant sur le récepteur CB2, pourraient être des cibles intéressantes de recherche pour le traitement de cette maladie des artères.
Sujet: Du cannabis pour prévenir l'athérosclérose, selon une étude 
