WASHINGTON (AFP), le 31-03-2005
Les services de renseignement américain ont eu "complètement tort" sur la question de la présence d'armes de destruction massive (ADM) en Irak, affirme un rapport remis jeudi au président George W. Bush.
Ce rapport rédigé par une commission indépendante estime également que les Etats-Unis mettront des années à se remettre des atteintes portées à leur crédibilité en raison de cette erreur.
George W. Bush avait présenté la présence de telles armes comme la principale raison pour lancer une guerre contre ce pays en mars 2003 et renverser Saddam Hussein.
Le rapport souligne toutefois qu'il n'y a pas de preuve que ces services aient manipulé les renseignements en provenance d'Irak pour conclure à la présence d'ADM dans ce pays.
"Notre conclusion est que les services de renseignement ont eu complètement tort dans pratiquement toutes leurs conclusions avant la guerre sur les armes de destruction massive irakiennes", écrivent les auteurs du rapport, parmi lesquels plusieurs parlementaires.
"Le tort fait à la crédibilité des Etats-Unis par les erreurs de nos services de renseignement en Irak mettra des années à être corrigé", ajoute-t-on de même source.
"Après un examen exhaustif, la Commission n'a pas trouvé d'indications que les services de renseignement aient manipulé les preuves sur les armes de destruction massive irakiennes. Ce que leurs responsables vous ont dit sur les programmes de Saddam Hussein est ce qu'ils croyaient. Ils avaient simplement tort", affirment les auteurs du rapport dans leur lettre de présentation adressée au président Bush.
Le rapport recommande notamment de donner plus de pouvoir au Directeur du renseignement national (DNI), poste récemment créé par George W. Bush et attribué à John Negroponte, précédemment ambassadeur des Etats-Unis en Irak.
Il estime également que la police judiciaire fédérale (FBI) doit être totalement intégrée aux services de renseignements et que ces derniers doivent être incités à travailler mieux.
La Maison Blanche s'est félicitée de la publication de ce rapport de quelque 600 pages et s'est engagée à mettre rapidement en oeuvre ses principales recommandations.
"Nous allons accorder un examen attentif à chacune des recommandations et les mettre en application dans un délai assez rapide", a déclaré le porte-parole de la présidence américaine Scott McClellan.
"Les échecs résultent largement de manquements dans l'analyse des renseignements, les analystes se montrant par trop attachés à leur conviction sur les intentions de Saddam (Hussein)", affirme le rapport.
Il se montre également sceptique sur la réforme des services de renseignement adoptée à la fin 2004, qui a notamment crée le poste de DNI.
"Ce poste a reçu une large autorité mais qui repose aussi sur l'ambiguïté", écrivent les auteurs. Ils soulignent que sa fonction n'est pas seulement de coordonner le travail de la quinzaine d'agences de renseignement américaines mais n'est pas non plus celle d'un "ministre des renseignements" ayant pleinement autorité sur ces dernières.
Le rapport se montre assez virulent contre la CIA, le FBI et les autres agences de renseignement, affirmant que "beaucoup au sein de ces agences n'acceptent pas la conclusion à laquelle nous sommes parvenus après une année d'enquête qui est que les services de renseignement doivent subir des changements fondamentaux s'ils veulent pouvoir faire face aux menaces du 21e siècle".